Entrer en câreme ,monter vers pâques

Publié le par @robase




Reflexion chretienne

"Ceci est mon Corps" : Jésus tout puissant a voulu se faire tout petit dans l’hostie pour nous. Prenons conscience de sa Présence et ermeveillons nous en. Remercions le pour son immense don et sa grande humilité. Renouvelons notre foi dans l’Eucharistie.
On peut méditer le récit de l’institution de l’Eucharistie ou contempler le Christ dans sa Passion.


Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir,mais dis une parole et je srai gueri

Trésors visuelles et spirituelles
Les icônes* byzantines** sont les trésors visuelles et spirituelles de l'Eglise chrétienne orientale. Elles constituent une partie intégrale de la foie chrétienne orthodoxe. Plusieurs icônes sont aussi un signe visible de la grande dévotion, de la part des croyants, pour la
Vierge Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu.

Le Pater en Chant grégorien

Troisième partie : la Sainte Communion

" Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour."
dit Jésus (Jn 6-54).
Il nous invite maintenant au repas, comme ses amis du jeudi Saint :
" Prenez et mangez." " Ceci est mon corps." " Ceci est mon sang."
Nous allons donc recevoir le Christ dans la Sainte Communion.

Nous devons nous préparer à cette union,
comme Jésus Lui-même se prépara le jeudi Saint
en priant son Père de la façon qu'Il nous a lui-même apprise :
" Pater Noster ", Notre Père

Sommes-nous bien sûrs, pourtant, d'être prêts à accueillir Dieu ?
Avons-nous préparé notre personne
comme nous préparerions notre demeure à la venue d'un roi ?
Sommes-nous conscient de la présence de Dieu ?
Ressentons-nous l'attraction qu'Il exerce sur notre âme,
et la désirons-nous ?
Sommes-nous en état de grâce ; notre âme sans souillure,
et notre corps à jeun, -signe de pureté et de sacrifice- ?
Ce corps qui va être le "temple du Saint Esprit" ? (1Cor 6-19)

Souvenons-nous aussi de l'invité au festin des noces (Mt 22-12) :
" Mon ami " dit le roi, " comment es-tu entré ici sans la robe ? "
Et il le fit jeter, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors
Mais souvenons-nous aussi
de la toute puissance et la miséricorde de Jésus,
et demandons-Lui, en toute humilité :
" Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde
ayez pitié de nous." " Agnus Dei"

Le prêtre va communier. Mais avant de s'unir à Jésus-Dieu,
il énonce avec précision les trois grâces qu'il sollicite de Lui :
la paix dans l'Église, la délivrance des fautes, la protection du mal.
Puis il communie, d'abord à l'Hostie, ensuite au Calice.

Voici enfin venu pour nous
le moment de recevoir Jésus-Christ Lui-même,
et non seulement son Corps et son Sang, mais aussi son Esprit
Car le mot communion signifie communauté en union d'esprit,
le qualificatif "sainte" précisant qu'elle est pure, parfaite,
tout au moins de la part de notre Seigneur.

Pour qu'elle soit pure de notre part, Jésus, par la main du Prêtre,
nous accorde une seconde Bénédiction sous le Signe de sa Croix.

Très humblement, à genoux, disons comme le centurion :
"Domine, non sum dignus -Seigneur je ne suis pas digne de vous,
mais dites seulement une parole, et mon âme sera guérie."

Nous marchons vers la Sainte Table, et Jésus se donne à nous.
" Que le Corps de notre Seigneur Jésus-Christ
garde votre âme pour la vie éternelle " dit alors le Prêtre.

Que dire à Jésus, après un tel instant ?
Lui témoigner notre remerciement, notre reconnaissance :
Lui rendre grâces.
Et si l'on ne sait quoi dire,
faisons comme Ste Thérèse de l'Enfant Jésus :
taisons-nous et aimons-Le.

Si l'on ne reçoit pas Jésus-Hostie,
on peut toutefois s'unir à Lui, dans une Communion Spirituelle.
Il suffit de Lui dire notre grand désir de Le recevoir,
et si notre désir est profondément sincère, Jésus vient à nous.

Quels sont les fruits de la Sainte Communion ?
En premier lieu, la présence de Jésus en nous :
" Qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi et moi en lui."
(Jn 6-56)

Mais encore :
La paix en nous et autour de nous :
La communion nous purifie de nos péchés véniels.
Effaçant notre souillure, elle nous réconcilie avec nous-même,
et, alors, notre paix intérieure rayonne alentour.

La croissance de notre charité :
car, comme toute nourriture répare nos forces,
la Sainte Communion fait croître nos vertus.

Le resserrement de notre lien à l'Église :
l'Eucharistie alimente notre charité fraternelle
et nous fait vivre dans la Communion des Saints.

Mais la Communion nous rappelle aussi
que nous sommes invités par Jésus à partager sa gloire au ciel :
" Je ne boirai plus désormais de vin " dit-Il,
" jusqu'au jour où je boirai avec vous le vin nouveau,
dans le Royaume de mon Père."
(Mt 26-29)

Enfin, le prêtre dit : " Allez, la Messe est dite, Ite missa est "
et nous accorde une troisième Bénédiction
afin que nous portions au monde - missa : envoi-
tous les bienfaits du Sacrement de l'Eucharistie.

Avant de nous séparer,
nous écoutons le prologue de l'Évangile selon Saint-Jean
qui nous rappelle que Jésus est la Lumière du Monde,
le Fils de Dieu venu habiter parmi nous.


Photo Bouquet fleurs

par jubilatedeo


Entrer en Carême, monter vers Pâques

Il nous faut bien ce long temps de Carême pour nous préparer à entrer dans la joie et l'allégresse de Pâques et nous ajuster un peu mieux, chaque année, au Mystère pascal. Par sa mort et sa résurrection, jésus, le Fils Bien-Aimé du Père, nous arrache au pouvoir de la mort, la mort du péché qui nous sépare de Dieu. En accomplissant les Ecritures, il réalise le dessein créateur de Dieu : faire de nous, en Jésus-Christ, des fils adoptifs à son image et selon sa ressemblance. (Eph. 1, 3-6)



Les textes des liturgies de Carême invitent à la conversion : nous détacher de tout ce qui nous sépare de Dieu, le péché et ce qui nous entraîne à pécher, et nous tourner vers Lui. Pour ce faire, le mieux est de suivre Jésus, le Sauveur annoncé par les Prophètes, pour prendre son chemin monter à Jérusalem.



L'énigme « Jésus »

Par son enseignement et ses œuvres, Jésus suscite admiration, mais aussi opposition. Sa renommée est grande. D'où lui viennent son autorité, son pouvoir ? Qui est-il ? Cette question, Jésus la pose à ses disciples : « Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme ?... pour les uns, Jean-Baptiste, pour d'autres Elie, pour d'autres encore Jérémie ou quelqu'un des prophètes ». Voilà l'état de l'opinion: un homme de Dieu, parmi les plus grands. Aux intimes qui le connaissent de plus près : « Pour vous, qui suis-je ? » « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 13-16) Réponse juste de Pierre. Pourtant, Jésus leur recommande de ne rien dire à personne. Interdiction qui nous étonne et interpelle. Invitation à accueillir aussi cette même question : « Pour vous, qui suis-je ? »

Sitôt cette belle profession de foi, Jésus annonce aux siens qu' « il lui faut aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens et des prêtres, être mis à mort et le 31 jour ressusciter » (Mt 16, 21). Avant de « prendre résolument » (Lc 10,51) la route de Jérusalem, Jésus prépare ses disciples à l'insupportable épreuve, mais surtout révèle sa véritable identité ; l'écart est si grand entre ce qu'il est - le Christ - et les idées que ses contemporains, et nous-mêmes encore, se font du Messie, qu'il faut la Résurrection et même la Pentecôte, pour commencer à comprendre qui est Jésus, ce qu'il fait et pourquoi il agit ainsi. En effet, nul ne peut dire en vérité « Jésus est le Christ », sans traverser sa passion et sa mort !

Par trois fois Jésus annonce sa passion, sa mort et sa résurrection. La première, nous venons de le voir, c'est après qu'on l'ait reconnu « Christ », (Messie, Sauveur attendu) ; la deuxième, (Mt 17, 22-23), après la Transfiguration où il révèle quelque chose de son identité divine, en se montrant dans sa gloire, éblouissant de lumière, identifié par la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé qui a toute ma faveur ; écoutez-le ». Et sitôt cette manifestation, même interdiction de rien dire à personne : ils ne comprennent pas le sens de cette expérience. Et comment le comprendraient-ils ?

La troisième annonce, Jésus la fait aux abords de Jérusalem : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme va être livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix ; et le troisième jour, il ressuscitera. » (Mt 20, 18-19). Annonce qui précède l'accueil triomphal à Jérusalem. Evénement aussi étonnant que la consigne du secret ! C'est Jésus lui-même qui organise son entrée à Jérusalem, accomplissant la prophétie de Zacharie (Za 9,9). Il se laisse acclamer par les foules en liesse : « Hosanna, au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt 21, 9)


Le Messie souffrant

Oui, Jésus est bien Roi, ce Roi attendu, espéré, mais les événements qui suivent, conformément aux annonces de Jésus, révèlent que, s'il est Roi, ce n'est pas à la manière des hommes et selon leurs vues. Ce Roi de gloire est un roi humilié qui prend le chemin du plus grand amour: livrer sa vie pour ceux qu'il aime et qu'il vient sauver. Entrant à Jérusalem, il peut accepter cette reconnaissance prophétique : sa mort imminente évitera toute confusion : « Son Royaume n'est pas de ce monde ».

Toute sa vie publique et, plus encore, les jours de sa passion nous révèlent le mystère de l'amour sans mesure de notre Dieu qui s'abaisse jusqu'à épouser notre condition de pécheurs ; broyé par le poids du péché, il en subit la mort, mais la traverse pour nous faire passer dans sa vie éternelle. Mystère de la grandeur de Dieu qui, seul, peut se faire petit jusqu'à l'anéantissement comme l'exprime si bien St Paul :
« Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.
Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes.
S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore,
Obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! » (Ph 2, 6-8)

Il fallait que le Christ souffre et meure pour ressusciter, c'est à dire triompher définitivement de la mort. Nous n'aurons jamais fini de comprendre cette logique de l'Amour, voulue par Jésus, annoncée avant, justifiée après (Lc 24, 26) ; logique telle que les prophètes eux-mêmes l'ont aussi annoncée.

Le IVème « chant du Serviteur » (Is 52, 13-53, 12), que la liturgie relit durant les jours saints, est d'une telle précision qu'il semble décrire la passion même de Jésus. En tout cas, six siècles avant, le prophète nous donne
déjà le sens du mystère pascal : la souffrance du Juste - l'Elu, Jésus, le Christ - qui, en livrant sa vie donne la Vie. Or, seul Dieu, qui est la Vie, peut le réaliser en vérité et plénitude. « C’étaient nos souffrances qu'il supportait... il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes... Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et c'est grâce à ses plaies que nous sommes guéris... YHWH a fait retomber sur lui les crimes de nous tous »...

Par son baptême, Jésus, le Juste, signifie qu'il prend sur lui notre condition pécheresse. Il vient, comme il le dit et le montre sans cesse, pour les pécheurs, pour les sauver et non les juger ni les condamner. A Gethsémani, l'agonie que vit Jésus nous fait sentir combien est terrifiant le choix de Jésus : porter sur lui notre péché pour l'ôter et vaincre la mort et l'Adversaire de l'homme et de Dieu. Dans un tel combat, aucun homme ne peut rejoindre Jésus. Ses amis - qui pourtant l'aiment - sont radicalement impuissants, à distance. Dieu est seul, et lui seul peut mener un tel combat !

Contempler Jésus dans sa vie publique comme dans sa passion donne à comprendre comment notre péché aboutit à sa condamnation et à sa mort, inexorablement, et comment, pourtant, Jésus est radicalement libre : « Ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne ». On ne la lui ôte pas. Il la donne par amour, et c'est parce qu'il se livre tout entier pour nous que sa mort et sa résurrection nous donnent la vraie vie, la vie éternelle promise, que signifie déjà l'Eucharistie.

« Ayant aimé les siens qui étaient dans ce monde, il les aima jusqu'au bout ». (Jn 13, 1) Ainsi débute le récit de la passion selon Jean, passion qui s'achève avec la mort de Jésus qui, après avoir pris le vinaigre dit : « Tout est achevé » et il remet son esprit au Père. Acte ultime d'amour et de liberté. (Jn 19, 20)

 

Et moi, que dois-je faire ?

C'est en contemplant le Christ en croix, et comment il en est arrivé là, que je comprends un peu de quel amour il m'aime et ce qu'est mon péché dont il veut me sauver. Ce regard m'aide à goûter l'amour du Christ et à éprouver, comme dit Saint Ignace, confusion et horreur de mes nombreux péchés. Alors mon désir de conversion ne sera pas seulement réponse à une invitation expresse et répétée : « Convertissez-vous... », proclamée chaque carême par l'institution-Eglise, mais jaillissement de mon propre amour à l'amour du Christ pour moi. Ce regard d'amour réveille mon amour et avec Ignace je dis : « Qu'est-ce que j'ai fait pour le Christ ? Qu'est-ce que je fais pour le Christ ? Que dois-je faire pour le Christ ? ». n effet, qui ne voudrait le rejoindre, l'imiter ? Alors, je peux faire mien l'enseignement que Jésus donne à ses disciples, justement après les annonces de sa passion :

« Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera ». (Mt 16, 24-25)
« Si quelqu'un veut être le premier, il se fera le dernier de tous et le serviteur de tous ». (Mc 9, 35)
« Celui qui voudra devenir grand parmi vous se fera votre serviteur et celui qui voudra être le premier d'entre vous, se fera votre esclave ».

Lui, le « Maître et Seigneur », le Roi de l'univers, mon Créateur, s'est fait Serviteur et Serviteur souffrant. C'est dans cet abaissement jusqu'à la Croix que se manifestent sa « Gloire », sa grandeur, son Amour sans limite. « Je vous ai donné l'exemple pour que vous agissiez comme j'ai agi envers vous... heureux serez-vous si vous le faites ». (Jn 13, 15-17)

Le disciple n'est pas plus grand que son maître. Le suivre et l'imiter afin de vivre de sa vie, c'est consentir, avec lui, en s'appuyant sur lui, à passer aussi par la mort, à mourir à ce qui ne donne pas la vie, pour ressusciter avec lui. Beau programme de Carême ! Puissions-nous durant ce « temps favorable » nous laisser transformer par cet échange de regard d'amour, pour Le suivre où Il nous conduira. 

icone Copte Christ debout devant la porte de l'enfer
 Celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse »

      Ton Maître ne se fâche pas sous la raillerie ; et toi, tu t'énerves ? Lui supporte crachats, gifles, coups de fouet ; et toi tu ne peux pas accepter une parole dure ? Lui accueille la croix, une mort déshonorante, la torture des clous ; et toi tu n'acceptes pas de remplir les services les moins honorables ? Et comment deviendras-tu participant de sa gloire (1P 5,1) si tu n'acceptes pas de devenir participant de sa mort déshonorante ? Vraiment, c'est en vain que tu as abandonné les richesses, si tu ne veux pas prendre la croix, comme il l'a lui-même ordonné avec sa parole de vérité. « Vends ce que tu as et donne-le aux pauvres », prescrit le Christ au jeune homme ainsi qu'à nous-mêmes ; « Prends ta croix », « viens et suis-moi » (Mt 19,21.16,24). Toi, tu as bien partagé tes richesses, mais sans accepter de prendre la croix c'est-à-dire de supporter vaillamment l'assaut de toutes les épreuves ; tu t'es égaré sur le chemin de la vie et t'es séparé, pour ton malheur, de ton très doux Dieu et Maître.

      Je vous en prie, mes frères, observons tous les commandements du Christ, supportons jusqu'à la mort, pour l'amour du Royaume des cieux, les épreuves qui nous assaillent afin de communier à la gloire de Jésus, d'avoir part à la vie éternelle et d'hériter de la jouissance de biens indicibles, dans le Christ Jésus notre Seigneur.


Jesus sur la croix

Jesus sur la croix


 
 

RÉFLEXIONS SUR L'ICÔNE
ET SUR L'ICÔNE COPTE EN PARTICULIER
par Michel Quenot

(paru dans le N° 19 de la revue Le Monde Copte)

Domicilié en Suisse et auteur d'un remarquable ouvrage sur l'icône (L'Icône, Fenêtre sur l'Absolu, 2e édition, 1988, Éditions du Cerf, Paris), Michel Quenot, allie des connaissances étendues à un sens profond de la Tradition, le tout couronné par un amour rare de l'icône.

"Montre-moi les images que tu vénères et je te dirai ce que tu crois", disait Jean Damascène (+ 730), le conseiller du calife de Damas, homme de Dieu qui vécut au coeur de l'Islam et devint l'un des plus grands théologiens de l'icône.

Lorsque ses frères musulmans l'interrogeaient sur sa foi, il les conduisait simplement à l'église devant les icônes.

A une époque où l'image règne en maître et modèle profondément aussi bien nos habitudes de vie que notre mode de pensée, l'image de notre foi qu'est l'icône - du moins ce qu'elle devrait être - nous interpelle, devient un critère de vérité. 

Nous sommes personnellement frappés par la vigilance de certains orthodoxes à déceler les moindres distorsions de la foi dans les paroles, peu sensibles, voire indifférents par contre aux errements lorsqu'il s'agit de l'icône.

Or ceci nous paraît nettement plus important car l'image pénètre au tréfonds de nous, jouit d'un pouvoir au-delà des mots.

Qu'elle soit byzantine, russe, roumaine ou copte, l'icône authentique recourt aux mêmes symboles, traite des mêmes thèmes, exprime la même foi.

Certes, les formes varient et il importe de se souvenir que séparés de leurs frères orthodoxes après le concile de Chalcédoine en 451, les Coptes ne vécurent pas la tourmente iconoclaste (= lutte contre les images) qui propulsa l'image dans le collimateur durant plus d'un siècle, marqué il est vrai par des accalmies, mais dont le résultat fut l'élaboration d'une théologie de l'icône assortie d'une mise en garde contre les nombreuses déviations possibles aux conséquences insoupçonnables.

Par rapport à l'image religieuse qui recourt à des formes profanes, au subjectivisme de l'artiste qui s'exprime sur un thème religieux, l'icône est au contraire le produit de l'Église qui lui a donné sa forme au fil des siècles. 

Théologie en couleur, art théologique, elle trouve sa justification dans l'Incarnation qu'elle proclame, car si Dieu s'est incarné, a revêtu notre chair, il peut être représenté .

Ce n'est pas alors la seule humanité du Christ qui doit être montrée, mais la plénitude de sa personne divino-humaine, d'où la tâche redoutable de l'iconographe qui met son talent au service de la forme protégée par des canons, garantie d'une sauvegarde des symboles dans toute leur force et dynamisme.

Loin de projeter ses sentiments, conceptions et fantaisies, qu'il infligerait aux autres, son attitude "kénotique" (de "kénose" = abaissement) le pousse à s'effacer, à l'exemple de Jean le Précurseur, laissant-le champ libre à ce qui, à Celui qui est re-présenté, rendu mystériquement présent sur la planche de bois.

Développée en harmonie avec les évangiles et les textes liturgiques dont elle visualise le contenu avec le concours des symboles, l'icône s'inscrit dans la liturgie, y joue un rôle essentiel, de sorte qu'elle est une image liturgique.

Affirmer cela, c'est mesurer l'importance de la déclaration de Jean Damascène citée plus haut, mais aussi l'influence pernicieuse exercée par toute prétendue icône qui ne traduit pas la foi dans sa pureté, semant sans le vouloir des germes d'athéisme.

Toute l'histoire de la chrétienté résonne de la clameur de gens qui se sont éloignés, souvent à leur insu, à cause d'images qui ont pastiché, caricaturé, en un mot trahi la Vérité, qui n'est pas quelque chose mais Quelqu'un, le Christ, Fils de Dieu fait homme.

Façon de souligner que dans l'environnement musulman actuel de l'Église copte, l'icône peut et doit jouer un rôle de premier plan.


Si l'Égypte constitue avec la Grèce une sorte de fondement culturel du christianisme, il s'avère pourtant difficile de poser des affirmations au sujet de l'icône copte en raison du nombre fort restreint d'icônes anciennes disponibles.

Les liens avec l'art de l'Égypte ancienne méritent davantage qu'une brève mention mais d'autres plus qualifiés que nous ont élaboré une recherche à ce niveau.

Signalons pour exemple que, dans l'art égyptien de l'antiquité, on montrait une âme ailée voltigeant au-dessus d'un corps de même forme.

Or, dans l'iconographie, les Coptes ne visent pas en premier lieu à peindre les traits du corps de la personne mais son âme.

Les corps disproportionnés, de même que le peu d'intérêt manifesté pour les traits corporels, concentrent la vision sur l'essentiel, à savoir la force de l'Esprit Saint qui les habite. 

L'absence de naturalisme, d'émotion et de sensualité rappelle, en effet, que l'icône ne représente pas le monde de la chair, et la diminution de l'accent corporel permet la mise en évidence du spirituel exemplifié par les yeux démesurément larges, symbole de la vision intérieure.

A l'opposé des Byzantins, la tradition copte augmente sensiblement le volume de la tête, symbole que Dieu est notre tête, et le Christ crucifié aux yeux largement ouverts, signe de son immortalité, remémore aussi sa vigilance envers nous.

L'icône copte se distingue fondamentalement de l'icône byzantine par son caractère d'art populaire, oeuvre de gens simples, moines, artisans, paysans, pour des gens simples (ce mot étant considéré dans toute sa noblesse).

Il n'est pas aisé de démêler cet écheveau où l'on observe un chevauchement constant entre les influences proprement égyptiennes, puis les apports byzantins et syriaques, notamment.

Ce qui nous frappe en regardant les icônes coptes des cinq derniers siècles, ce sont les corps parfois en forme de sarcophage de momie, témoignage de l'enracinement dans le passé.



Saint Shenouda

C'est la bonté et la douceur des regards, l'humilité et la présence d'hommes déjà transfigurés, devenus "ophtalmos", "tout oeil et tout regard" selon la belle formule d'un saint moine du désert de Scété. C'est la spontanéité, la fraîcheur, la simplicité du langage visuel .


Saint Apollo et Saint Abib
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C'est enfin la beauté des anges, la majesté de l'archange Michel, grand stratège des armées célestes et force de Dieu, tous fervents intercesseurs aux pieds du Très-Haut dont ils chantent sans fin la gloire, messagers célestes qui veillent sur chacun de nous, refoulant nos ennemis les démons.

L'Église copte connaît aujourd'hui un renouveau spirituel et iconographique réjouissant.

Encore faut-il éviter le piège du modernisme! Certes, l'iconographie doit s'incarner dans la culture où elle se développe, mais cela n'impose pas d'en synthétiser tous les acquis techniques et formels.

Nullement la résultante d'un dosage savant, l'icône procède d'une gestation spirituelle séculaire qui s'exprime par les seules formes aptes à traduire ce jaillissement de l'Esprit.

Nous ne redirons jamais assez combien l'imitation de l'art de la Renaissance par les iconographes slaves et grecs s'est révélée désastreuse pour l'icône, puis, par voie de conséquence, pour toute la théologie et la spiritualité de ces peuples.

L'icône copte n'a pas échappé à cette influence et les relents saint-sulpiciens teintés d'émotionalisme la dénaturent.

Nous sommes franchement surpris par certains éléments clefs des icônes du Dr Isaac Fanous, iconographe renommé dont nous saluons ici l'énorme travail et la quête inlassable de renouveau.

Mais que signifient ces visages d'apôtres, pourtant bien éveillés, représentés les yeux fermés?

N'est-ce pas précisément court-circuiter la communion établie par le regard, primordial dans l'icône?

Que dire de ces bras croisés sur la poitrine, geste peu naturel de la part des apôtres lorsqu'ils côtoyaient le Maître ?

Si l'on considère maintenant l'icône de la Nativité, fort réussie sur le plan esthétique, que devient le symbolisme de la grotte, trou noir qui suggère l'Hadès au coeur duquel jaillit la Lumière qu'est le Christ incarné?


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L'abandon de la symbolique puissante, fondement dynamique de l'icône, se fait au profit d'une composition certes harmonieuse, mais qui va dans le sens des nativités de type italien.

L'Enfant quitte la mangeoire-autel, table du sacrifice à venir, pour reposer sur le sein de sa mère.

Le message n'est-il pas édulcoré, ne s'éloigne-t-on pas trop des sources coptes au profit de sources étrangères?

Si l'icône copte nécessite un second souffle, sa régénération ne peut se faire qu'en lien étroit avec la Tradition et non par des tentatives de création nouvelle autonome qui oblitèrent le potentiel spirituel millénaire d'un peuple. 

En bref, le renouvellement authentique de l'iconographie, aussi bien russe, grecque, roumaine que copte, ne relève pas d'un talent qui sache amalgamer les différents courants du langage pictural contemporain, mais d'une vision spirituelle intense, fruit d'un enracinement profond dans l'Église dont l'icône représente l'image liturgique.

André Roublev fut certes le plus grand iconographe qui contribua à un développement de la théologie trinitaire, mais il fut avant tout un homme qui vivait intensément en Christ.

C'est dans ce sens que l'iconographe authentique est théologien.

Dans la foulée d'Antoine le Grand, de Pachôme et des Pères du désert, l'icône visualise la vie en Christ à laquelle nous sommes appelés.

Elle parle de transfiguration, reflète le mystère du salut, révèle le coeur des personnes et des choses.

Canal de grâce, lieu théophanique où l'espace et le temps participent à la Création nouvelle du huitième jour, elle est vision eschatologique (= des fins dernières) et présence.




 



La Sainte Face

FACE


 

LE CHRIST MISERICORDIEUX

 L'icône du Christ Miséricordieux cliquez pour agrandir l'image

En visitant cette galerie ne perdez pas de vue que l'icône n'est pas une oeuvre d'art au sens où on l'entend actuellement , ni un objet de décoration, mais bien plutôt une fenêtre ouverte pour parler, prier cœur à cœur avec les Saints et Notre Seigneur.

 
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J
ma chere genevieve <br /> avec la publilcation de tes textes j apprends des choses que je ne commaissais pas <br /> Cest magnifique <br /> Jespere que nos amis protestants porrons mieux comprendre ces choses là <br /> En totu cas je le leur souhaite car il ny a pire que l'ingnorence <br /> Jacque
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J
magnifique initiative que dafficher toutes ces icones <br /> Je retient la conclusion qui attire notre attention sur la valeur et le sens de licone qui " n est pas une oeuvre dart " mais un moyen d e communiquer avec Dieu <br /> c a d de PRIER<br /> On peut evangeliser en utilisant sa Bible ( comme font les temoins de Jehovah )pour parler avec ceux qui veulent bien nous ecouter <br /> On peut encore le faire en ecrivant des articles sur internet comme tu le fais en ce moment Genevieve sur ton blog que tu rends accessible a tous ceux qui viennent avec un coeur " humble " ( et non pas gonflé dorgeuil et de pretention de tout connaitre mieux que les autres Cette attitude de fermeture et detroitesse de vue est celle des Pharisiens qui ne connaissaient que la "Loi " ce qui les a fait rejeter le seul homme parfait que le monde ait connu , le Christ lui meme .<br /> En vous detourant de votre prochain , mes freres protestants , vosu vous eloignez du Fils de Lhomme , le seul qu il faut suivre , et non Moise ou Abraham , aussi saints qu ils puissent etre<br /> Car "celui qui n'est pas pour lui , est contre lui " <br /> cest lui meme qui la dit , pas moi )<br /> On peut encore le faire a travers l affichage d images ( les icones )<br /> RECAPITULONS <br /> 1)se servir de notre Bible , cest utiliser 2 de nos sens ( la vue pour celui qui lit le livre saint ,l Ouie pour celui qui entend et ecoute cette parole )<br /> 2) se sevir de lecriture et des textes que nous publions , soit sur internet soit quand nous envoyons nos textes et nos courriers a nos proches , c est utiliser encore le sens de la vue pour permetrre au x autres de nous lire <br /> 3)Se servir des Icones , cest utiliser toujours notre oeil , sens de la vue , pour transmettre , recevoir le message divin , et prier <br /> On le voit , Dieu nous a donné un Corps , non pas pour le méprilser comme le font certains qui ont peur de sen servir pour sa gloire , mais pour utiliser nos sens afin precisemment de lui rendre GLOIRE <br /> Moise etait un grand homme , mais c etaIt un homme de son epoque c a d qu il n avait pas encore acquis toutes les connaissances que l homme moderne peut mettre a la disposition de sa Foi , pour "Croire" <br /> Jesus d ailleurs transgressera ses prescriptions car il est le " Nouvel Adam ",( et non plus des hommes imparfaits comme Abraham et Moise ), celui qui est venu non pas pour "ABOLIR " mais pour "ACCOMPLIR " c a d pour rectifer les erreurs de Moise <br /> Rendons grace au Seigneur !<br /> Jacques
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