La sangsue ou la foi dans l'argent des autres

Publié le par @robase

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Réflexion chrétienne

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La sangsue a deux filles : "Donne ! donne !"
Trois choses sont insatiables, quatre ne disent jamais "Assez !"

Prov. 30;15

Ce message ne parle pas d'argent, mais de foi. La foi qui ne s'empare pas des promesses avec les méthodes et les moyens de Dieu n'est pas seulement néfaste: elle est un mal contagieux qui doit être combattu.

La marche par la foi est une réalité galvaudée de nos jours par la faute de quelques mauvais exemples qui font désormais force de loi. La foi véritable est tournée en ridicule et deviendrait presque suspecte, car elle ne s'appuie pas sur la sagesse d'en-bas et ne glisse pas confortablement sur l'autoroute du conformisme. Pourtant, d'après le livre qui nous sert de guide, la Bible, la foi qui ne s'empare pas des promesses et qui n'accomplit pas l'oeuvre de Dieu avec les méthodes et les moyens de Dieu n'est pas seulement néfaste: elle est un mal contagieux qui doit être combattu. C'est ce que je vous propose de faire maintenant pour chasser du Temple ces marchands et leur cohorte de bonimenteurs et de commerciaux d'un Evangile frelaté.

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"Donne donne"

C'est un fléau, et contrairement à ce que nous serine le mercenaire de l'Evangile (l'homme qui reçoit un salaire pour porter ce qu'il devrait donner gratuitement, et qui demande en plus une prime de risque lorsque hurlent les loups menaçant son troupeau) et son comparse le marchand du temple, ce n'est pas un mal nécessaire. Comme le lierre grimpe sur l'arbre, le mercantilisme religieux s'est accroché à l'enseignement de la Parole de Dieu: il y est désormais tellement bien admis qu'on ne peut plus compter sans lui. On le trouve partout, sous-tendant tout discours, enlaçant de l'ivraie de ses racines tout enseignement, dispensé dans quelque école biblique que ce soit. La contagion a atteint un tel niveau qu'il a semblé naturel à nos érudits de placer la Parole de Dieu-même sous les verrous du copyright. Eux qui se disent nos maîtres et prétendent nous enseigner les profondeurs, les richesses que notre Seigneur a déposé pour nous à la Banque du Ciel, construisent en silence le Temple de l'apostasie en détournant les droits de l'Auteur, le Seul digne des Royalties éternelles: ils n'ont pas la crainte de Celui qu'ils déclarent servir.

Le séjour des morts
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C'est un fléau tel que l'idée du don gratuit n'effleure plus le chrétien. Oublié le Samaritain qui pansait et hébergeait le malheureux à ses propres dépens: à l'étroit entre deux clients dans l'agenda du spécialiste, voici la victime battue par la vie qui vient seule en rampant se faire accoucher, un billet coincé entre les dents en guise de sésame. Si le Maître disait "Paix sur la terre aux bénévoles", le mercenaire dans son barême s'est fait l'usurier de son temps, qu'il a compté, pesé, mesuré et secoué généreusement... car on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Du tombeau de la sagesse terrestre nous parvient l'écho des discours présomptueux de nos sages, toujours plus éloignés de la simplicité de l'Evangile. La macération de leur pensée est offerte sur papier glacé à un public moribond "pour un don suggéré" en lettres grasses, au cas où ces oreilles indociles à la voix de Dieu douteraient de la quantité de travail qu'il en a coûté aux auteurs: faux inspirés pour faux chrétiens. Prisonnière de ses contradictions et heurtant les barreaux de sa propre cage, cette pensée captive du copyright se prétend chrétienne, mais elle n'en a plus l'âme. Se brisant sur la source au lieu de s'y remplir, le seau vide reste là, des années immobile, à regarder passer les hommes, les modes et les dieux, ni esclave ni libre, quémedant un réveil pour la forme, à un ciel devenu d'airain. "Laisse les morts ensevelir leurs morts", dit Jésus, "et toi va annoncer le Royaume de Dieu".

La femme stérile
Ce que l'Eglise ramasse, c'est ce que le monde a jeté
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L'église n'enfante plus, et dans son opprobre il lui faut recourir à l'adoption. Loin d'être la tête, elle est la queue du monde, et ce qu'elle ramasse, c'est ce qu'il a jeté. Se vantant d'être sage, elle est devenue folle, en proie à ses hormones contrariées. Du monde mais pas dans le monde, l'église n'a plus d'enfants, mais des petits-enfants qu'il faut bien occuper. Des missionnaires d'antan, l'église ne veut plus: le service long et pénible cède la place aux vacances en mission. Le missionnaire est mort, emporté par les ans et le découragement. Ses méthodes ont vieilli et de pseudo expériences remplacent l'expérience chez ceux qui entrent, avec tambours et trompettes, sans respect et sans crainte, dans le travail d'un autre. Il se nomme chanteur désormais, ou mîme ou musicien, ou artiste ou sportif. "J'y étais", l'entend-on se vanter. "Pas assez longtemps pour regarder mes fils cueillir le fruit de l'amandier que mes mains ont planté, mais pourtant j'y étais".

La terre aride

L'église ne croît plus, et sur son sol aride la vérité ruisselle pour aller abreuver d'autres coeurs en aval, qui eux reconnaissants porteront de vrais fruits. Coincée dans le tambour de la machine du monde, l'église d'Occident tourne, se délave et déteint: après sa saveur, elle perd ses couleurs, pour ne plus choquer. Usé sur le banc fatigué, le croyant croupit et végète, jamais repus et toujours plus avide de modes à consommer. Au menu de sa secte, maintenant il participe en donnant de sa voix par un vote sans Loi, écrasant de son poids le faible ou l'opprimé. Jamais rassasié, vers le monde sans cesse il tourne les regards, le copie et l'imite jusqu'au jour où enfin, il s'est glissé si près qu'il peut s'y établir, ne sachant pas le pauvre qu'il se fera vomir, et par lui et par Dieu, éternellement perdant.

Le feu
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Dévorant ce qu'il touche, ce qui est fait de bois, le feu de l'orgueil règne, se propage et noircit. L'oeuvre des hommes, avec ses étiquettes, ses confessions de foi a couvert le pays. Dans bon nombre de lieux de culte, les ministres brûles de ce feu impur. Ils s'enflent et se gonflent, déchirent et dévorent alentour, pleins du venin mortel de la langue. Le regard dédaigneux ne sait plus reconnaître le Christ dans son frère. Chacun donne la main au prochain dont l'habit religieux ressemble le plus au sien. On mange entre soi, on lit la Bible entre soi, on rit entre soi, et l'on pleure pour soi. Les alliances se font, les sages délibèrent, les sommets des montagnes de loin en loin s'envoient bien des signaux, mais le soufflet retombe et il faut au cadavre des massages cardiaques, pour que son faible poul appelle encore l'Epoux.

Ohola et Oholiba
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Accrochée dans la gorge de celui qui l'a bue, voilà notre sangsue qui, pour un certain temps, va se faire ignorer. Ver dans la pomme, levain dans la pâte, elle sucera le sang, forte de sa maxime: "Donne! Donne!" "Donne! Donne!", diront les mendiants, déguisés en ministre de la Justice. "Donne" dira Ohola depuis Samarie. "Donne", reprend Oholiba depuis Jérusalem. Harponnés par leur dard et leurrés par leur nard, les clients des deux soeurs, filles de la sangsue, monteront à la chambre. Vendu à l'Assyrie, l'évangile du Moi remplacera la croix. De l'Egypte épluchant les oignons, leurs larmes de crocodile noiront l'autel vide, où aucune victime ne viendra plus jamais pour se sacrifier: à quoi bon désormais? Errant tel un zombie, le corps vide et exsangue ne reçoit désormais, en guise de visiteurs, que corbeaux et vautours, rarement l'ombre d'un prophète. La prostituée a balayé la maison, dressé la table, mêlé son vin, choisit ses docteurs, ses clients et ses fêtes: tout à un prix, même la foi.

La foi, Dieu et l'argent des autres
Faire connaître à l'homme ses besoins, c'est être devenu esclave du tyran qu'est la chair
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La fin d'une chose vaut mieux que son commencement. Il ne sert à rien d'avoir couru si l'on manque le but, et si l'on veut être couronné, il faut avoir combattu selon les règles. La question que beaucoup veulent résumer à une question de pure forme est beaucoup plus fondamentale: elle met à nu les racines, le motif du service et l'objet vers lequel s'envole notre espérance. Si Dieu proclame le malheur sur l'homme qui se confie en l'homme, on peut sans peine affirmer que l'homme qui fait connaître à l'homme ses besoins est devenu esclave du tyran qu'est la chair: déchu de la grâce, il cesse d'être serviteur de Dieu. La sanction matérielle couronnait l'obéissance, ou la désobéissance, dans l'ancienne alliance. Maintenant que nous ne marchons plus dans l'ombre des choses à venir, mais dans la lumière de la pleine révélation, nous devons puiser et déposer nos trésors dans le Ciel, où aucun voleur ne vient dérober: il n'y trouve rien qui ait valeur marchande ici-bas. Que Dieu prenne pitié de celui qui, se déclarant citoyen du monde à venir, a tout investi dans ce qui sera détruit dans le feu. Demandez-lui de renoncer à ses droits d'auteur, et il verra d'un mauvais oeil que vous vouliez être bon, vous produira le ticket de caisse de son investissement terrestre "au service du Royaume", vous prouvera que Dieu est un mauvais payeur et ses enfants une troupe d'ingrats. Pourtant, Dieu n'est pas le mauvais payeur que l'on croit, chacun recevra le salaire de ce qu'il aura fait lors de son pélerinage terrestre.

La Didachè*, ch.XI 

07092610145620711273183.gif1. - Si donc quelqu'un vient et vous enseigne tout ce qui vient d'être dit, recevez-le. Seulement, si ce docteur se dévoie et vous donne un autre enseignement de manière à renverser (celui que vous avez reçu), ne l'écoutez pas; d'autre part, s'il enseigne de manière à confirmer la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.
2. - Quant aux apôtres et aux prophètes (itinérants), agissez ainsi, selon le précepte de l'Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu'un jour, deux s'il est besoin; s'il reste trois jours, c'est un faux prophète. En partant, que l'apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l'endroit où il passera la nuit; s'il demande de l'argent, c'est un faux prophète.
3. - Tout prophète qui parle en esprit, ne le mettez pas à l'épreuve et ne le jugez pas, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera pas remis.
4. - Cependant tout homme qui parle en esprit n'est pas prophète, à moins qu'il n'ait les manières d'être du Seigneur. C'est donc à leur conduite qu'on reconnaîtra le faux prophète et le vrai.
5. - Et aucun prophète qui dit en esprit de dresser la table n'en doit manger; s'il en mange, c'est un faux prophète. Tout prophète qui enseigne la vérité, s'il ne fait pas ce qu'il enseigne, est un faux prophète.
6. - Tout prophète éprouvé, véridique, agissant en vue du mystère terrestre de l'Eglise, mais n'enseignant pas aux autres à faire tout ce qu'il fait lui-même ne sera pas jugé parmi vous, car c'est à Dieu qu'il appartient de le juger; les anciens prophètes ont également fait des choses semblables.
7. Mais si quelqu'un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l'argent ou autre chose, ne l'écoutez pas. Cependant, si c'est pour d'autres personnes qui sont dans l'indigence qu'il a dit de donner, que personne ne le juge.

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* La Didachè est l'un des premiers écrits chrétiens







Lanternes rouges

La lanterne en hiver
Les couleurs de la ville par Jean-Luc Rollier
Végétation murale, musée du Quai Branly, Paris, novembre 2006, FRANCE.


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